La question est si fondamentale et si vaste qu’il serait possible de rédiger plusieurs livres sur le sujet (voir bibliographie de Jean-Marie Defossez, en bas de cette page).
Je vais donner ici les idées principales.
Pour rappel,
je suis physiologiste de formation et docteur en biologie animale. Ces idées ne sont (donc) pas le reflet de mes avis sur le sujet, mais des données scientifiques.
Le point de départ est une notion fondamentale du fonctionnement du corps humain qui n’est bien trop peu prise en compte. La voici : votre respiration n’est pas réglée d’abord et avant tout en fonction de vos besoins en oxygène. Bien sur ce besoin est pris en compte, mais ce qui module en permanence votre respiration c’est la nécessité absolue de maintenir constant l’équilibre acide-base dans votre corps. Si votre respiration change, c’est parce qu’elle est indispensable à cet équilibre. Et sans le maintien de cet équilibre, vous mourriez.
Conséquence 1/ Personne ne « respire mal »
A moins de souffrir d’une maladie des poumons ou des troubles nerveux, personne ne « respire mal ». Votre respiration est réglée à chaque instant pour assurer le maintien de votre équilibre acide-base.
Conséquence 2 / la principale cause de déformations de votre respiration sont les troubles de votre équilibre acide base.
En fonction des individus, la réaction est différentes : certaines personnes se mettent à hyper-ventiler, d’autres passent en sous-respiration.
Si vous obligez votre corps à respirer autrement , vous l’empêchez certainement de vous sauver la vie ( car la perte de l’équilibrer acide-base est mortel). Votre corps devra mettre en place d’autres systèmes de secours pour assurer l’équilibre acide base (encore) plus usant et fatiguant pour votre corps que l’hyper-ventilation ou la sous-respiration.
En coach-respiration, nous tenons compte de cette donnée fondamentale.
Une autre clé principale est qu’il existe une relation à double sens entre le niveau de stress global subi par le corps et la respiration ( fréquence respiratoire, volume ventilé par minute ET vidage des poumons). En effet, de même que tout stress « déforme » la respiration, modifier sa respiration permet de changer le niveau global de stress. Or, ce niveau global de stress détermine l’activité positive du nerf vague. Le nerf vague est un nerf reliant le cerveau à tous les organes vitaux et contrôlant les capacités d’autoréparation du corps. Si vous disposez de temps, je vous incite à écouter ce bon podcast où l’on m’entends parler du nerf vague. Pour cela suivez ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=hUCaRaQr-zM&t=163s
Pour aller plus loin je présente un travail de recherche unique sur les effets de la sous-respiration dans mon livre » En finir avec la sous-respiration »
et une approche complète du nerf vague dans le premier livre francophone a être paru sur le sujet : Se protéger des stress, inflammations chroniques et maladies chroniques, grâce au nerf vague.
Si le sujet vous passionne, je vous invite également à lire le livre « Respirer » de James Nestor. Ils comprend des phrases avec lesquelles je ne suis pas totalement en accord scientifique (notamment à sur les raisons des effets du CO2) mais c’est un travail journalistique remarquable avec une foule de pépites sur le sujet.
Une autre clé est que changer sa respiration permet d’agir sur les autres systèmes autonomes du corps : système cardiaque, rénal, digestif, nerveux, lymphatique, immunitaire.
En très bref cela donne…
1. De nombreuses traditions, dont certaines millénaires (yoga, qi gong…) font appel au travail du souffle pour favoriser à la fois l’apaisement et la vitalité.
2. Seule une respiration non stressée permet d’éliminer par les poumons la quantité parfaite de gaz carbonique évitant ainsi aux reins de devoir lutter en continu contre une acidification ou une alcalinisation du sang.
3. Ces dernières années les scientifiques ont découvert que : Les respirations lentes et profondes ont la propriété de stimuler le nerf vague. Ce nerf relié à la majorité des organes de l’abdomen possède :
– un pouvoir apaisant majeur sur le plan nerveux.
– une puissante action anti-inflammatoire sur l’ensemble du corps.
4. Il est démontré que la flore de nos intestins exerce un rôle essentiel dans l’état de notre humeur et de notre immunité.
Une respiration déliée assure une meilleure circulation au niveau des intestins et une production suffisante d’acide chlorhydrique par l’estomac. Il s’agit de deux conditions essentielles pour une digestion et une flore bactérienne optimales.
NB : Aussi surprenant que cela puisse paraître, les douleurs à l’estomac, les reflux acides et les troubles de la flore intestinale sont le plus souvent causé par un manque de sécrétion d’ acide par l’estomac. Ce manque de sécrétion acide est un effet inévitable du stress et de l’inflammation.
En conclusion :
Une pratique respiratoire adaptée permet :
– de renforcer le mental face au stress
– de réparer les blessures émotionnelles du passé
– de favoriser un retour à l’équilibre du point de vue de la vitalité par une action bénéfique sur l’ensemble du corps ( flore intestinale, système digestif, immunité…)
Bibliographie :
– Healing power of the breath, Paperback. 2012. Brown R, Gerbarg P.